» Je ne sais pas comment tu fais et mais tu le savais avant de t’engager avec lui « .

Que celles qui ne les ont jamais entendues lèvent la main ! 

Mais que savions-nous au juste ? Et que devrions-nous dire à nos filles qui suivraient le même chemin?

« Ma chérie, tu veux partager ta vie avec un militaire …

On évitera le « Fuis alors qu’il en est encore temps!!!! » qui nous traverse l’esprit! De façon plus posée, positive, nous pourrions dire:

Tu t’es donné du mal dans tes études et nous sommes fiers de toi ! Mais…

• Ne t’attache pas trop à ton métier: entre les absences et les mutations, tu risques de devoir faire des concessions professionnelles comme 60% des conjoints (80% suivant notre enquête).*

• Il est probable que tu t’arrêtes de travailler à un moment ou que tu refuses des opportunités car les horaires des postes te permettant d’évoluer professionnellement ne seront pas compatibles avec tes contraintes et tu seras, comme tout le monde, en difficulté pour faire garder tes enfants.

• Comme 40% des conjoints*, ne t’attends pas à trouver aisément un poste correspondant à tes qualifications, surtout si vous déménagez souvent. Cela te sera difficile.

• Tu devras à maintes reprises prendre ton courage à deux mains pour t’assurer que ton existence administrative et celle de tes enfants ne se perd pas en route… Sécurité Sociale, CAF, Pôle Emploi, écoles, suivi médical. Avec une organisation et une énergie de titan, on peut y arriver!

• Et si tu penses que tu es prête à accepter tout cela, rappelle-toi qu’il ne faut jamais dire jamais … un conjoint sur deux* a déjà expérimenté le célibat géographique. Il faut s’y préparer.

• Mais rassure-toi, ces contraintes tu ne les vivras que pendant les années où les femmes construisent leur carrière ! Tu auras tout le temps pour te rattraper après: il partira tôt à la retraite. Ce qui tombe bien puisque toi, tu vas probablement devoir travailler plus longtemps!

• Tu vas découvrir le CV à trous et la joie de justifier ton parcours auprès du recruteur en transformant chaque contrainte en opportunité.

• Tu devras te réinventer régulièrement. Comme beaucoup, tu pourras aussi oser le chemin de la transition professionnelle et de la création d’entreprise. La téléactivité ouvre des perspectives de portabilité de carrière qui, je l’espère, seront bientôt plus vastes.

• Le chemin n’est pas facile, mais il existe. Mieux vaut savoir tout cela avant de s’engager, c’est certain. Cependant, garde en tête que l’amour donne des ailes pour surmonter ces difficultés et que cette vie parfois difficile déploie chez nous des qualités immenses telles que l’adaptabilité, la résilience et une grande force morale! »

Cependant, la réalité actuelle, c’est que tout le monde n’y arrive pas, ou plus, ou pas tout le temps …

Les absences opérationnelles, la disponibilité, la mobilité exigées par le service des armes peuvent pénaliser fortement la famille, fragilisant certains couples (les militaires ont un taux de séparation supérieur à la moyenne).

La réalité c’est que la génération qui arrive n’est plus prête à accepter ces sujétions.

Les plus jeunes refusent de sacrifier leur épanouissement professionnel. Pourquoi mettre en risque ses droits à l’emploi et à la retraite et demeurer dans une situation de dépendance économique, dans un monde où la notion d’engagement a perdu son sens? A l’heure de l’égalité homme/femme et du plan mixité?

L’enjeu majeur des armées est celui de la fidélisation, or, nous assistons à un profond sentiment de déclassement.

• Comment ne pas leur donner raison quand on voit qu’un couple avec un militaire a des revenus inférieurs de 20% à un couple avec un fonctionnaire de catégorie équivalente, ou encore que la pension de retraite d’un militaire est beaucoup plus faible que celle d’un fonctionnaire de catégorie équivalente ?

• La fidélisation passe par la prise en compte de l’écosystème du militaire, incluant son équilibre social, familial et économique, dans lequel l’emploi du conjoint s’inscrit naturellement.

Nous pensons qu’il est possible de construire une vie professionnelle à la hauteur de nos compétences tout en assurant ce rôle de « base arrière » car c’est aussi notre force et notre fierté.

Le Ministre des Armées, ainsi que le Ministre du Travail, ont répondu aux parlementaires qui nous soutiennent, que la LPM serait le cadre de discussions autour de cette problématique.

Il nous paraît urgent de prendre des mesures fortes pour soutenir l’emploi des conjoints, en accordant par la LPM de réels moyens RH et financiers à Défense Mobilité et aux armées.

Il est temps de penser différemment l’accompagnement à l’emploi des conjoints, nous serons là pour faire entendre la voix de celles et ceux qui sont le soutien indéfectible de notre Armée.

Le groupe de travail des retraites et droits sociaux de Women Forces.